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succès. il a été couronné par plus plusieurs prix littéraires prestigieux. il a acquit une notoriété, outre celle d’écrivain, de « critique » de jazz, tâche qu’il a souvent abordé bien davantage par l’art de l’écriture que par celui – si toutefois il s’agit d’un art, mais ce n’est pas cependant impossible – du journalisme. il nous revient aujourd’hui avec un roman intitulé « la hache », publié aux éditions ramsay. un livre signé alain gerber ne peut pas rester fermé. il faut l’ouvrir. ne rien céder, pour soi-même, et s’y plonger tout entier. on sera peut-être surpris par cette histoire. elle déroute tout d’abord. avant de devenir presque familière. même si la sympathie avec la presque totalité des personnages est impossible, « la hache » est, très vite, un roman auquel on s’attache. sans doute, en premier lieu, parce qu’on se demande sans cesse ce qui va bien arriver. il s’est passé quelque chose, quelque chose de terrible, on en est certain, même si, très précisément on ne sait pas quoi. mais ce n’est pas cette horreur sans doute, qui nous obsède, mais au contraire ce qui va advenir. qui en sera la conséquence assurément. mais laquelle, telle est la question, la première question. voici venu, pourrait-on dire, le temps de l’art du « suspense ». mais il ne s’agit que de la première question. parce qu’en réalité on ne saura pas grand-chose. on ne saura même pas dans quel pays cela se déroule. un pays chrétien, orthodoxe en l’occurrence, d’europe centrale, de l’est…ou d’ailleurs. et lorsqu’on pense avoir découvert une réponse à ce genre d’interrogation (et elles sont nombreuses, de toutes sortes) voici que l’on découvre que nous avons fait fausse route. ou bien même que cela importe peu: maintenant c’est à tout autre chose qu’alain gerber nous intéresse. pour, très vite, nous renvoyer une nouvelle fois sur un chemin de traverse. et puis, finalement, on se dit que cette histoire, sombre, terrible, effrayante c’est celle de notre monde. c’est celle du monde lorsqu’il est au bord du chaos. ou plutôt celle du chaos du monde que nous vivons. alors, peu importe où cela se déroule. parce que nous savons désormais que c’est chez nous. que nous soyons d’ici ou d’ailleurs. lorsque les temps vacillent que dire d’autre ? pourquoi ne pas passer de leurres en ellipses, de fausses routes en chemins qui ne mènent nulle part ? c’est sans doute là que se trouve l’art du romancier: dans l’évitement, dans le fait de provoquer plus de mystères et d’interrogations que d’éclairages, de compréhension, de raison. lorsque cet art du non-dit nous fait ressentir l’effroi et l’inquiétude qui nous habitent. bientôt, avant même d’être parvenu au terme de ce livre – a-t-il une « fin » ? ou nous emmène-t-il jusqu’à des limites qui n’en finissent pas de s’éloigner plus nous avons l’impression de nous en approcher – on se dira que, dans cet « exotisme » apparent d’une contrée peu amène, étrangère donc dans tous les sens du terme, pour ne pas dire « barbare », c’est sans doute de nous qu’il est ici question. cette étrangeté, cette barbarie précisément, n’est-ce pas la civilisation lorsqu’elle décline, au moment où elle s’incline sous son propre fardeau? mais « la hache » c’est peut-être plus encore que l’histoire du monde lorsque sa lumière semble s’effacer à l’horizon, le roman de la littérature tout entière. parce que ce qui est dit, ce qui nous parle, n’est pas écrit, n’est pas « dit », pas « exprimé ». même pas véritablement suggéré. le roman, la littérature tout entière ne décrit pas, ne raconte pas. même lorsqu’il arrive qu’elle s’y emploie – et rien n’empêche qu’elle le fasse; elle ne s’en est pas d’ailleurs jamais privée – son art lui-même, son art tout entier, c’est de ne pas tout dire, de dire autrement, autrement qu’avec les mots de la description objective. un roman sur le monde d’aujourd’hui est à l’encontre d’un ouvrage de sociologie. même et surtout s’il veut parler du même sujet. avec « la hache » alain gerber a atteint – il est donc allé encore 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